HENRI ROCHEFORT

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La France compte 36 millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement - Henri Rochefort - 1ère phrase du 1er numèro de La Lanterne - 30 mai 1868


Né à paris en 1831, mort en 1913, Henri de Rochefort-Luçay, plus connu sous le nom de Henri Rochefort, est un homme politique et journaliste français, trés célèbre à la belle époque. Radical, il représente l'extrême gauche française.

Devenu journaliste sous le second empire, aprés avoir été quelques temps employé à la mairie de Paris, il collabore notamment au Charivari ainsi qu'au Figaro. N'appréciant pas son ton, l'empire lui fait quitter le journal. Les lois sur le journalisme se libéralisant, il lance son journal la lanterne en 1868. Le journal est interdit, Rochefort est condamné à la prison et à une amende. Il s'enfuit et rejoint Victor Hugo à Bruxelles. Son journal continue de se vendre clandestinement en France, et son ton devient de plus en plus acerbe contre le second empire. En 1869 il parvient à se faire élire et lance un nouveau journal, la marseillaise. Le gouvernement réussit à faire invalider son immunité parlementaire et à le faire condamner à six mois de prisons. Il continue à écrire pour la marseillaise du fond de sa cellule. 

Lors de la chute du second empire, il est libéré et devient membre du gouvernement provisoire de défense nationale. De nouveau confronté à une situation critique, il démissionne prudemment et se dégage de la vie politique jusqu'en janvier 1871. L'armistice, qu'il rejette, et l'annonce d'élections début février lui fait reprendre la plume en créant Le Mot d'ordre. En février, il est solidement élu de même que ceux qu'il soutient. Il doit rejoindre l'assemblée à Bordeaux. Celle-ci est favorable à l'armistice: il en démissionne donc rapidement. Il rentre trop tard à Paris pour assister aux débuts de la Commune. Son attitude alors devient plus complexe: sans croire à la victoire, il refuse la défaite. Sans condamner la Commune, il la soutient de moins en moins, et se fait de plus en plus critique. Dans le Mot d'ordre, les critiques de Thiers et des Versaillais sont vives, mais les communards ne sont pas épargnés. En mai, il réussit à échapper aux Communards mais il est arrêté à Meaux et livré aux Versaillais. Le procès a lieu en septembre; Rochefort est condamné à la déportation à vie. Il est déporté à Nouméa. 

Il réssit à s'évader en 1874 et rejoint des communards en Angleterre. Rentré triomphalement en 1880, suite aux lois d'amnistie, il reprends son activité de polémiste avec l'Intransigeant. Porte parole des communards, il se rapproche pourtant du général Boulanger, et devient membre du comité directeur de la ligue des patriotes. Lors de l'affaire Dreyfus, il prend des positions nettement antidreyfusardes.

Il finit sa carrière en continuant inlassablement son activité de polémiste et, sans grand discernement, mène des combats contradictoires pour lesquels le goût de la formule l'entraîne souvent vers l'insulte.

Lors de ses obséques, en 1913, une foule immense et de nombreuses personnalités vinrent pourtant lui rendre hommage.


Les têtes de turcs de Rochefort - Supplément illustré du petit journal 16 décembre 1893