LES MOYENS DE DESTRUCTION

<= L'armée française de l'été 14

Pour effectuer des destructions en campagne, la troupe disposait d'explosifs et d'artifices comprenant par régiment ou bataillon formant corps:
Les amorces et les détonateurs sont dans une voiture distincte de celle qui contient les pétards et le cordeau détonant. De même au moment de servir un groupe d'hommes reçoit les pétards, un autre les amorces et détonateurs. L'emploi des explosifs est uniquement effectué par des sapeurs ouvriers d'art. Le ravitaillement se fait au parc de corps d'armée.

Pétard et accessoires : Le pétard modèle 1886 comprend une enveloppe parallélépipédique en laiton munie d'un couvercle soudé portant une douille d'amorçace et contenant une charge de 135g de mélinite. C'est sur la douille d'amorçage que l'on place l'amorce. Le pétard pése 200g environ.

Le cordeau détonant est formé par un petit tube en étain de 5mm de diamètre avec une âme de mélinite pulvèrulente comprimée par étirage du tube. Il agit par transmission de la détonation (7000 m/s environ), et peut faire exploser d'autres substance: mélinite pulvérulente, fulminate de mercure... On l'emploi pour faire exploser à distance une charge d'explosifs. Il fallait éviter les pliages à angle droit ou une traction continue qui pouvait produire des vides, donc des ratés. On pouvait effectuer des branchements et raccords:

Raccord par torsade espagnole:

Branchement par torsade espagnole:

L'amorce fulminante se compose d'un tube de cuivre couvert de vernis noir et contenant 1,05g de fulminate de mercure. On l'emploi pour provoquer l'explosion des pétards de mélinite ou du cordeau détonant. On  leur communique le feu par un morceau de méche lente. Il faut éviter toute compression et tout chocs sur la partie noircie du tube, ainsi que toute friction sur le fulminate

Le détonateur est formé d'une méche lente, avec à une extrémité un allumeur Ruggièri et de l'autre une amorce au fulminate ou un pétard: 


Utilisation: L'infanterie n'aura à effectuer dans la majorité des cas que des travaux de destructions sommaires et rapides: brèches, destruction de voie ferrée ou de ligne télégraphique, etc. On peut utiliser des charges concentrées (douilles d'amorçage du même coté) ou allongées (la plus courante pour les destructions simples effectuées par l'infanterie, douilles d'amorçage toutes dans le même sens). On doit appliquer la charge contre l'objet à rompre. 


Grenade à main: En 1914, malgré les études pour doter l'armée d'autres types de grenades, l'ancien modèle de grenade à main était encore utilisé. Son rôle était de pouvoir atteindre un ennemi abrité des balles derrière un parapet, dans une maison, etc. La faible portée du projectile impose d'être soi même à l'abri des éclats. 

La grenade réglementaire était constituée d'une sphère creuse en fonte de 81,2mm de diamètre et de 9mm d'épaisseur. Elle pése 1,04 kg à vide et 1,2 kg chargée de poudre à canon ordinaire. Une fusée enfoncée dans le corps de grenade permet la mise à feu (durée 5s). En magasin, fusées et grenades sont séparées. 

Pour utiliser la grenade, on attache au poignet un bracelet de cuir sur lequel est fixé un cordeau tire feu terminé par un crochet. On engage le crochet du tire-feu dans la poignée du rugueux, on met la grenade dans la main droite, et on lance la grenade en ne ramenant le bras en arrière que lorsque le rugueux a été arraché du tire-feu.

La grenade bracelet peut être projetée à 25m environ et l'explosion se produit au bout quatre ou cinq secondes.

Source: L'infanterie en un volume, Manuel d'instruction militaire - Librairie Chapelot - 1914
La science et la vie N°23 octobre-novembre 1915